Le cinéma du Chasselas
Article de Valérie Passello paru dans Le Régional du 26 mai 2016
D’où vient le chasselas? Que sait-on de son histoire? Quelles sont ses caractéristiques? Où en sont les connaissances scientifiques à son propos? À travers son documentaire «Chasselas Forever, une histoire de cépage», le réalisateur Florian Burion a souhaité emmener le spectateur au cour de la plante, jusque dans l’infiniment petit, pour tâcher de faire parler ce cépage si cher aux vignerons, des coteaux ensoleillés de Lavaux aux terrains plus rocailleux du Chablais, en passant par les bords du Léman côté français. Mais sous un angle original: «Je suis de la région et j’apprécie le milieu de la vigne et du vin: l’envie de tourner un film sur le sujet me trottait dans la tête depuis longtemps. Toutefois, je ne voulais pas l’aborder de manière classique, comme suivre une année du travail de la vigne par exemple. Il me fallait une approche inédite», raconte ce natif d’Aigle, qui a fondé à Vevey en 2013 «Octuor Films», sa société de production. Lors d’un voyage en Bourgogne, il découvre par hasard l’existence du village baptisé «Chasselas». Y a-t-il un lien entre ce lieu et notre fameux cépage? Le réalisateur entreprend alors ses premières recherches sur ce sujet qu’il ne connaît encore que de loin: l’idée du documentaire est née.
Des millions d’images
Il aura fallu environ 4 ans pour faire aboutir le projet. Dans le film, certaines scènes montrent la pousse de la vigne en accéléré. L’éclosion des fleurs, notamment, laisse pantois: même si tout un chacun a pu un jour observer des ceps lors d’une balade dans les vignobles, les images que nous livre Florian Burion apportent un regard neuf, à la fois poétique et scientifique: «Ces séquences ont été l’un des plus gros défis du film. Le problème, c’est que si l’on rate la floraison, on peut revenir l’année suivante! Pour arriver à ce résultat, il aura fallu plusieurs semaines de prises de vue et des millions d’images», confie le cinéaste. Cette présentation bien particulière a déjà porté ses fruits, puisque «Chasselas Forever» a raflé trois récompenses au festival Oenovideo 2015, à Cluny en France: le Trophée du meilleur film professionnel, le Prix spécial paysages et environnement, ainsi que le Prix spécial science et culture. Au festival Most en Espagne, il a décroché la mention d’honneur du meilleur film international.
Une mine d’informations
Les différents intervenants du documentaire abordent de nombreuses facettes du Chasselas. Biologiste, vignerons, chercheur, archiviste, ingénieur agronome: tous amènent leur pierre à l’édifice, permettant au spectateur d’intégrer facilement une foule d’informations. À commencer par Florian Burion lui-même: «Je connaissais certaines choses, mais j’en ai appris beaucoup, je suis allé de surprise en surprise. C’est aussi ça qui est génial dans ce métier: on découvre, on essaie de comprendre, puis il faut transmettre le tout aux spectateurs. Nous avons réussi à vulgariser… c’est sans doute l’une des forces du film», considère-t-il.
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