Le Chasselas, là où on ne s’y attend pas
Si le Chasselas apparaît en Vaud comme en Valais, en Pouilly sur Loire comme en Alsace, qu’elle n’a pas été ma surprise d’en trouver dans le nord du Rhône. En reportage à Saint Joseph, j’arrive à Vion, petit village au nord de Tournon, chez Jean François Jacouton.
En ballade dans les vignes
J’aime voir les vignes avant de déguster les vins. Nous voilà donc parti dans les coteaux qui dominent avec leur quota d’abrupts la rive droite du Rhône. Vion est une jolie petite bourgade dont les vignes alentours forment un écrin. On passe voir les Roussanne, les Marsanne et les Syrah, et puis on monte sur le plateau qui n’est plus, à quelques mètres près, en AOC pour voir les IGP. Elles peuvent ardéchoises ou rhodaniennes et offrent la possibilité aux vignerons débutants d’avoir un peu plus de surfaces et de vendre quelques à un prix plus attractif, tout en offrant une belle qualité. Jean François m’y montre ses Viognier, ses Syrah et puis surprise ses Chasselas. Je tombe des nues, moi qui croyait ce cépage plus adapté aux régions plus fraîches, quoiqu’à la réflexion, le Valais en été est aussi chaud et sec que les collines de l’Hermitage. Jean François en fait une cuvée d’assemblage, Tentation.
Tentation 2016 Marsanne Chasselas IGP Ardèche Domaine Jean François Jacouton
La robe aguiche l’œil avec ses nuances dorées qui font scintiller la transparence blanc vert. De délicats parfums de fruits confits soulignés d’un trait de pierre à fusil embaument le nez. Généreux, il nous cède aussi une étoile de carambole poudrée de poivre blanc et de poudre de riz. Croquante, la bouche nous remet les pieds sur terre, on voyageait déjà dans un monde subtil et raffiné. Mais ce vin est avant tout sympa, joyeux et terriblement frais. Un vin de soif, de belle soif à l’amertume délicate, celle qui renforce le pouvoir désaltérant. Et puis, il a aussi de la rondeur et pour ne pas oublier les impressions nasales, de l’élégance. Ce vin rend joyeux !
Il assemble 65% de Marsanne qui viennent du bord du Rhône, endroit qui n’est pas non plus en St Jo, plantés en 1980, et 35% de Chasselas des hauteurs, plantés fin 70, et assez du cépage pour être décelé. Pas de fermentation malolactique. Vinification et élevage en cuve.
C’est 9,50€ départ cave.
Quant à Jean François
C’est presque un nouveau venu, vraiment installé depuis l’an dernier. « C’est mon grand-père André qui m’a transmis la fibre viticole, pas mon père qui n’a pas repris l’activité. Mon grand-père livrait la Cave de Tain, je l’aidais petit et un peu après aussi. » conte Jean-François. Alors, en 1997, il passe son BTS viti-œno et va travailler chez les Courbis, puis chez Rostaing en Côte Rôtie, quitte la région pour la Savoie ou il seconde Pierre Boniface pendant 4 ans, revient pour un premier essai d’installation, mais arrête au bout de 4 ans pour non comptabilité de projets et devient salarié chez les Durant, un retour à Châteaubourg. Là, il commence, en 2010, à vinifier les vignes du grand-père, puis enfin s’installe en 2017 à Vion dans la maison familiale et y vinifie ses cuvées. Le domaine est assez réduit, à peine 2 ha en Saint Jo et 3 ha d’IGP, plus un peu de négoce. De jolis Saint Jo, d’agréables IGP, avec une originalité, voilà de quoi passer un bon moment.
Comme Jean François n’a pas de site, voici son portable +33 688 75 81 45
Ciao
Marc Vanhellemont (article paru le 17 août sur le blog Les 5 du Vin)
Category: Le Chasselas aujourd'hui