Le Chasselas en France
Article de Charles Lichtlé paru sur le blog Le Tire-Bouchon le 2 août 2015
Dans le texte précédent nous avons vu que le cépage, aujourd’hui appelé Chasselas, était originaire des vignes situées au bord du lac Léman et particulièrement du vignoble de Lavaux.
La notoriété des vins issus de ce vignoble a provoqué, dès le XVIIIème siècle, la diffusion de son cépage d’abord dans d’autres vignobles en Suisse puis dans différents pays d’Europe dont la France.
Historique en France
Le roi Louis XV fit venir des plants de vigne au château de Fontainebleau en 1730 et à Thomery en Seine et Marne en 1750. On donna aux raisins de ces plants, montés en treilles, le nom de Chasselas car ils venaient de la commune de Chasselas en Saône-et-Loire près de Mâcon. La dénomination exacte est Chasselas doré de Fontainebleau en référence à la teinte dorée des baies du raisin.
Les raisins des «treilles du roi» vont connaître rapidement un immense succès commercial à Paris, puis dans toute la France où la culture du Chasselas comme raisin de table va se propager.
Particularités du Chasselas
Les raisins issus de ce cépage peuvent être commercialisés en raisins de table mais sont également de très bons raisins de cuve (raisins utilisés pour faire du vin). Certaines régions françaises se sont spécialisées dans le raisin de table, d’autres dans le raisin de cuve et quelques unes dans les deux.
Moissac :
Le «must» du raisin de table issu de Chasselas aujourd’hui en France provient des vignes de Moissac. Commune du Tarn-et-Garonne, Moissac obtient l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) pour sa production de Chasselas en 1971. L’AOC est devenue AOP (Appellation d’Origine Protégée) en 1996.
L’Alsace :
Le Chasselas est implanté dans le vignoble d’Alsace, dans le Haut-Rhin, au XVIIIème siècle. Il prend alors le nom de « Gutedel ». Le raisin aura deux destinations : la vinification, rarement seul , souvent en assemblage dans l’élaboration de l’ « Edelzwicker » et la vente en raisin de table. Pour ce dernier j’ai le souvenir de mes années d’étudiant entre 1964 et 1968, années où la rentrée universitaire fin octobre m’a permis de faire les vendanges chez mes parents. Le matin, certains grossistes en fruits et légumes passaient dans les vignes où les vendangeurs cueillaient du Chasselas et déposaient des cagettes vides. Nous remplissions celles-ci dans la journée et le soir le grossiste repassait les récupérer, les pesait et les payait au propriétaire.
Cette pratique a disparue de nos jours, en effet, si le Chasselas représentait 10% de l’encépagement en Alsace en 1969, il ne représentait plus que 0,6% en 2009.
Pouilly-sur-Loire :
Proche de Paris, ce vignoble a profité du succès et de la demande de raisins de table dans les premiers temps pour planter du Chasselas. Lorsque la demande va baisser et la vente des raisins chuter, les vignerons vont conserver le cépage et en faire du vin. C’est ainsi qu’en plus de l’AOC Pouilly-Fumé bien connue (issue de Sauvignon) le vignoble bénéficie d’une AOC Pouilly sur Loire (issue de Chasselas).
Vins de Savoie :
Dans le département de la Haute-Savoie, sur les bords du lac Léman, se situe une partie du vignoble de Savoie. Quatre crus : Crépy, Ripaille, Marin et Marignan bénéficient de l’AOC Vins de Savoie et sont tous issus du cépage Chasselas venu de leur voisin Suisse du canton de Vaux. Le cépage, ici, a toujours été utilisé pour la production de vin.
Le Chasselas, référence de maturité
Les ampélographes, dans leurs recherches, établissent également des classements des nombreux cépages identifiés (près de 10.000 dans le monde aujourd’hui). Ils ont ainsi observé que ces cépages arrivent plus ou moins précocement à maturité. Ayant déterminé l’époque de maturité du Chasselas, ils ont utilisé celle-ci comme référence de comparaison pour tous les autres. Un cépage est dit « précoce » s’il arrive à maturité avant le Chasselas et « tardif » s’il arrive à maturité après le Chasselas.
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