Les témoins de la Fête 1977

| 23 septembre 2019 | 0 commentaire
Alexandre Truffer

Article d’Alexandre Truffer paru dans la rubrique “Editor’s choice” de VINUM (juillet/août 2019)

L’été 1977 est particulier à plus d’un titre: il a accueilli l’une des cinq Fêtes des Vignerons du 20e siècle, il a produit l’un des plus faibles millésimes des cents dernières années (à peine meilleur que le catastrophique 1939) et a vu naître votre serviteur. Quand l’idée a germé de choisir les Dézaley et les Yvorne de garde comme thème de la dégustation de ce numéro, j’ai proposé aux producteurs de faire déguster un vin des millésimes 2005 à 2015 (noté selon les critères habituels de VINUM et présenté dans le guide qui débute page 44) et de m’envoyer un vin d’une précédente édition de la Fête des Vignerons. Preuve que les producteurs vaudois sont conscients du potentiel de garde de leurs Chasselas et fiers de la complexité qu’ils acquièrent avec les décennies, j’ai reçu dix-huit flacons du millésime 1999 (que notre jury a commenté sans le noter dans la doublepage à la fin du guide susmentionné).Cerise sur le gâteau, quatre domaines avaient aussi conservé suffisamment de 1977 pour m’en faire parvenir une bouteille.

Une fois la quarantaine passée, les occasions d’ouvrir des vins de son année de naissance se font relativement rares. J’avais donc prévu de faire preuve d’une certaine indulgence dans les commentaires relatifs à ces quadragénaires nés dans un millésime morose où le soleil, caché derrière d’éternels nuages n’a jamais pu faire mûrir le raisin. Du moins sous nos latitudes, car il semblerait que l’année ait été tout à fait correcte dans le Nouveau Monde et même excellente pour les Porto. Il faut en convenir, les Yvorne et Dézaley 1977 n’ont pas impressionné par leur générosité et leur puissance, mais leur vivacité s’est transformée avec le temps en rectitude et en fraîcheur pour donner naissance à des blancs toujours vifs, dotés d’une complexité aromatique certaine. Passionnants à déguster, ces quadras élancés ont une valeur essentiellement historique. Pour se faire plaisir, mieux vaut se rabattre sur des 1976, le grand millésime qui a abreuvé participants et spectateurs de la Fête 1977.

Dégustation des Dézaley et Yvorne 1977

Association Viticole d’Yvorne
Yvorne Dorin 1977

Arborant un macaron du Label Terravin, ce Dorin – une appellation typiquement vaudoise tombée en désuétude – offre une belle robe dorée. Le nez expressif présente des notes de maturité: on distingue des fruits secs, des épices douces comme le curry et de la cire d’abeille. Structuré par une acidité conséquente, ce Chasselas d’Yvorne fait preuve de rectitude et de longueur, mais mérite également le qualificatif d’austère.
www.avy.ch

Ville de Lausanne
Clos des Abbayes 1977

Bouché à la cire, ce Dézaley demande une aération prolongée, voire un passage en carafe pour dévoiler des notes de fruits jaunes, comme le coing, et des arômes de pommes très mûres mais aussi des senteurs de champignons et de cire d’abeille. Drapé dans une robe dorée et brillante, il possède une certaine ampleur, soutenue par la vivacité emblématique du millésime qui confère fraîcheur et rectitude à la finale.
www.lausanne.ch/vins

Les Frères Dubois
Dézaley-Marsens De la Tour 1977

Cette bouteille – dont le bouchon a été remplacé – se distinge par sa robe chatoyante et dorée, son nez moyennement expressif qui mêle des arômes de curry, des notes de fruits secs, de la cire d’abeille, du curcuma et une pointe de botrytis. En bouche, l’attaque souple annonce un vin frais, mais rond, d’une longueur mesurée, qui se termine par une finale pleine de vivacité et de fruits jaunes.
www.lfd.ch

Dubois Fils
Dézaley-Marsens Réserve personnelle de la famille 1977

Comme ses trois autres contemporains, ce Dézaley affiche une belle robe, aussi dorée qu’ étincelante. Le nez, relativement discret, marie des notes de mirabelle et de pomme à des arômes de fumée et de silex. En bouche, la vivacité typique de 1977 structure un blanc délicate qui se termine sur les notes d’amertume que l’on associe traditionnellement au plus célèbre terroir du coeur de Lavaux.
www.dubois.ch


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Category: Le Chasselas dans l'histoire

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