Du chasselas a enfin été planté à Chasselas

| 5 juillet 2016 | 0 commentaire

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Pour la première fois depuis plusieurs siècles, les 180 habitants de Chasselas, hameau niché au fond de la vallée de l’Arlois, aux confins du Beaujolais et à quelques kilomètres de Mâcon, vont pouvoir assister à la pousse d’un cépage qui fait la fierté des vignerons vaudois.
Le baron Jean-Marc Veyron la Croix et Jacky Martinon, propriétaires du château de Chasselas et de ses 12 hectares de vigne qui produisent 30 000 bouteilles par an de Saint-Véran, de Bourgogne blanc, de Mâcon et de Crémant de Bourgogne, ont en effet tenu parole. Le mois dernier, ils ont donc planté, sur une parcelle de 19 ares, 1200 greffes de chasselas de type B 3309. La vigne, précisent-ils, est située sur le versant est de la vallée de l’Arlois, juste au-dessus du village, en secteur Beaujolais («24 heures» du 23 juillet 2015). «Il n’est pas possible que le village continue à ne pas vinifier du chasselas. J’ai donc décidé de braver les obstacles administratifs, et Dieu sait s’ils sont nombreux en France, afin d’en planter une parcelle sur mes terres cet automne ou au printemps prochain, nous avait confié Jean-Marc Veyron la Croix l’été dernier. On me dit que le cépage préfère la douceur des rives du Léman aux chaleurs que nous connaissons en Bourgogne: nous verrons bien et, bientôt, nous pourrons comparer.»
Mémoire vivante du village, férue de recherches historiques, Paule Vermylen-Milamant, 76 ans, y vit dans la maison héritée de ses grands-parents. Dans un ouvrage intitulé «De Chasselas à la table Roy» (Louis XIV, paraît-il, adorait le raisin de table charnu produit au village), elle explique que la comparaison du profil ADN du chasselas avec des cépages du monde entier a désormais permis d’établir qu’il provient de l’arc alpin, au carrefour de la Suisse, de la France et de l’Italie. C’est ce qui permet aux vignerons suisses d’estimer que son berceau est lémanique. «Peut-être bien, mais cela n’explique pas l’origine de son nom, poursuit-elle. Pour ma part, je pense que c’est notre village, dont les premiers vestiges remontent au Xe siècle, qui le lui a donné.»
Jusqu’en mai dernier, le village bourguignon comptait un seul cep de chasselas, planté dans le jardin de Franck Sokoloff, enseignant et adjoint au maire. Désormais, grâce à ses deux châtelains, il va en compter 1200 de plus: la première récolte est prévue en 2019, la commercialisation l’année suivante et la comparaison avec nos crus s’imposera alors.

Article de Federico Camponovo paru le 27 juin 2016 dans le quotidien 24 heures

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Category: Le Chasselas aujourd'hui

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