De l’or glisse sous les palais
Texte et photo: Valérie Passello
Chemisées, les bouteilles sont méconnaissables. Elles valsent autour des tables rondes, déversant leur contenu dans les verres des quelque 80 jurés. Ces œnologues, journalistes spécialisés, sommeliers et professionnels du vin devront désigner les meilleurs crus, sans en connaître l’identité.
À l’entrée de la salle des communes du Château d’Aigle, sept dégustateurs sont attablés depuis 9h du matin. Ils ont déjà noté 14 chasselas et s’apprêtent à en évaluer une nouvelle série après une pause bien méritée. Secrétaire de la table, l’œnologue-parfumeur Richard Pfister remarque: «Nos échantillons sont d’un niveau assez élevé. Nous avons eu de la chance au tirage au sort, c’est un bon millésime.»
On goûte, on note, puis on discute
Dès les verres servis, plus un mot. Le nectar est scruté, agité, dégusté. Les visages restent impassibles. Chacun pianote rapidement sur une tablette tactile. La limpidité, l’intensité du parfum, la persistance du goût et l’harmonie globale sont quelques-uns des critères à apprécier. Quand tous ont terminé, la note finale tombe sur la tablette du secrétaire.
«88,9. Que fait-on?», demande Richard Pfister. Sachant qu’une médaille d’or s’obtient à 89 points sur 100, la question se pose. L’un des jurés affirme: «On ne peut pas laisser un tel résultat, c’est trop frustrant pour le producteur.» Si tous estiment que le vin en question le mérite, la note est revue à la hausse. C’est d’accord, va pour la médaille d’or.
Jusqu’à 30% des vins en compétition peuvent recevoir cette distinction au Mondial du Chasselas. Mais qui y aura droit? Sans chemise, cette fois, les vins seront primés le 29 juin lors d’une cérémonie officielle, juste avant le coup d’envoi de la Fête du Chasselas, qui se tiendra les 29 et 30 juin au Château d’Aigle
Article paru dans Le Régional le 7 juin 2018
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