Ferney-Voltaire: le couple Vibert règne sur une vigne de chasselas vieille d’un siècle
François et Fabienne Vibert sont les propriétaires d’une exploitation agricole dont la vigne produit un cépage blanc depuis plus d’un siècle. «La ferme des Granges» existe depuis plus de cinq siècles. Elle a connu nombre de propriétaires, dont le renommé François-Marie Arouet, dit Voltaire (voir encadré). En 1909, Mme Lambert, propriétaire du château de Voltaire à l’époque, loue son terrain à la famille Vibert. Issu de Vulbens, Jacques Vibert, tâcheron dans les vignes suisses, vient s’installer avec sa femme et son fils, et tous se reconvertissent dans la polyculture. Les fermiers s’occupent des vignes, céréales, et vaches laitières – à l’époque. Aujourd’hui, suivant la tradition familiale, c’est François Vibert qui a repris à son tour l’exploitation, officiellement dans les années 1970.
Les vendanges s’effectuent de plus en plus tôt
Il gère désormais deux activités principales, aidé par sa femme Fabienne : la première concerne les céréales (blé, orge, colza, maïs), et la deuxième, plus affective : la vigne. Aujourd’hui, les exploitants possèdent une vigne de chasselas d’un hectare et demi située à Moëns, plantée dans les années 1990. Leur travail viticole demande un cycle précis d’activités coordonnées, réalisées à la main. Jacky Vibert, le fils des exploitants, nous décrit le processus : « On taille d’abord les vignes en hiver pour les façonner. » Au printemps, c’est la phase de débourrement : « Le végétal sort des bourgeons, et on sélectionne les meilleurs boutons. » Pendant l’été, on « lève » plusieurs fois la vigne : « Il faut la faire passer dans un système de palissage pour que les pampres poussent droites » puis on effeuille. Ensuite vient la maturation, qui définit la date des vendanges. Le jeune agriculteur remarque : « Au fil des décennies, on vendange de plus en plus tôt, en septembre, alors que dans les années 2000 on attendait la mi-octobre : c’est à cause du réchauffement climatique, qui dérègle les saisons. » Vient ensuite le travail de vinification, en cuves, avec divers travaux de sous-tirage et de fermentation.
Enfin, le filtrage et la mise en bouteille se déroulent aux alentours du mois d’avril. Au terme de ce long et minutieux travail, l’exploitation vend ses bouteilles, principalement à des particuliers, mais aussi à un caveau gessien et à des jeunesses de la région. Ce cépage, qu’on trouve majoritairement en Suisse, Haute-Savoie et dans le Pays de Gex, présente des notes florales, fruitées et légères. Enfin, sur l’étiquette : l’IGP (indication géographique protégée), un sigle qui reconnaît un savoir-faire et une production spécifiquement rattachés au territoire local ; également, le portrait de Voltaire, car dans la petite exploitation familiale, tout est histoire de culture.
Emmy Figarolio (article par dans Le Pays Gessien du 21.12.2017)
Category: Le Chasselas aujourd'hui