Une vigne de Chasselas sous le parlement vaudois
Clic-clac. Une photo et un coup de pub à quelques jours des élections. Le conseiller d’Etat Pascal Broulis (PLR) et le président du Grand Conseil, Grégory Devaud (PLR), ont baptisé vendredi matin la vigne du Parlement, sous le nouveau bâtiment de Perregaux qui sera inauguré le 14 avril. Une plantation symbolique: 157 ceps de chasselas (pour figurer les 150 députés et les 7 conseillers d’Etat) ont été mis en terre. Planter une petite vigne, ça n’a l’air de rien, comme ça, mais «nous avons déposé une demande de mise à l’enquête officielle à la Ville de Lausanne», explique Philippe Pont, chef du Service immeubles, patrimoine et logistique (SIPAL). Il a fallu respecter la loi sur la viticulture de 1973, qui autorise des propriétaires fonciers à planter des «surfaces cultivées pour leur propre consommation» n’excédant pas deux cents mètres carrés.
Pour donner plus de soleil à la vigne, le Canton a fait abattre des pins sur le talus. La loi imposait de replanter des arbres pour compenser. C’est à ce moment-là que la municipale lausannoise Natacha Litzistorf (Verts) est entrée en scène pour mettre son grain de sel: «J’ai demandé à ce qu’on replante des arbres fruitiers car je tiens beaucoup à ce qu’il y ait des vergers en ville», explique l’élue écologiste. Les négociations avec Pascal Broulis et ses services ont été nourries: on a frisé une conférence de Yalta bis pour quelques végétaux. «Les relations ne sont pas toujours simples avec le Canton mais on arrive à de beaux projets», s’est félicitée hier Natacha Litzirtorf en inaugurant, juste après la vigne, un premier cerisier sous les fenêtres de l’Ecole supérieure de la santé. L’endroit, qui comptera bientôt quinze arbres fruitiers, s’appellera le «Verger du chancelier et du secrétaire municipal» (respectivement le chancelier cantonal et le secrétaire de la Ville de Lausanne). «Cela remet une vieille coutume au goût du jour», a expliqué le député Philippe Vuillemin (PLR). «Cultiver les salades du Conseil d’Etat reste un métier contemporain», a déclaré à ce propos Vincent Grandjean, chancelier de l’Etat de Vaud
Dûment autorisés, les plans du Parlement n’ont rien à voir avec la vigne à Farinet. Loin de l’esprit de fronde et de contrebande, le petit vignoble sous Perregaux célèbre les lois et l’autorité. Pascal Broulis imagine même que le futur nectar pourrait s’appeler le «Vin des institutions».
Offerts par Grégory Devaud (3 fr. 30 la pièce), les ceps ont été plantés par Jérôme Duc, vigneron à Aigle. Selon Jérôme Aké Beda, le sommelier vedette de l’Auberge de l’Onde à St-Saphorin, qui parraine la vigne, l’inclinaison du terrain est idéale et le produit de cette plantation ne devrait pas s’apparenter à une piquette.
Article de Patrick Chuard paru dans le 24 Heures du 31 mars 2017
Category: Le Chasselas aujourd'hui