Lauriers de Platine de Terravin un La Côte, une fois encore
Pour le chasselas, la compétition se déroule depuis bientôt dix ans, la troisième semaine de novembre, sous forme de coupe, avec élimination directe jusqu’à la finale. Elle se déroule à Crissier, suivie d’un repas à l’Hôtel-de-Ville, avec des journalistes romands, alémaniques et italiens, et des sommeliers.
Au premier tour, 16 vins, choisis parmi les meilleures cuvées labellisées Terravin (soit 2,29 millions de vignettes collées sur des flacons, ce qui représente 6,6% du vin vaudois AOC). Pour cette 9ème édition, sur ces 16 partants, 2 Dézaleys et 2 Calamins AOC Grands Crus, 7 grands crus «volontaires» et 5 vins AOC régionale. Soit une grosse domination de Lavaux, à 10 contre 5 La Côte, un Vully et aucun Chablais, ni Côte-de-l’Orbe, ni Bonvillars.
Au final, c’est un Féchy générique, AOC La Côte, de la Cave de La Crausaz, Bettems Frères, qui s’impose, devant deux grands crus, un Epesses Grand Cru Chanteperdrix de la Famille Fonjallaz & Cie, et le Dézaley AOC Grand Cru de Patrick Fonjallaz.
Quatrième, un Villette AOC Lavaux Champ Noé de Jean-Luc Blondel : ce producteur avait trois vins dans la sélection de départ, dont un Epesses et un Dézaley, et c’est le moins réputé qui s’impose, comme pour le vainqueur du jour, Bettems Frères, dont le Grand Cru de Féchy avait été éliminé au premier tour, tout comme le Calamin AOC Grand Cru de la Famille Fonjallaz & Cie.
Rappel utile: le label Terravin est décerné strictement à des cuves et non à l’ensemble de la production (s’il y a plusieurs cuves…), soit, en 2016, à près de 700 cuves de chasselas. Et Terravin ne communique pas sur la quantité exacte des vins commercialisés par les encaveurs.
Grands Crus (villages) VS AOC régionales
A défaut d’avoir dégusté ces vins, mais à la lecture de ce palmarès, on peut se demander si, pour une meilleure promotion des vins vaudois, le label Terravin ne devrait pas se limiter à confronter les seuls grands crus en finale des Lauriers de Platine.
Car une AOC régionale, munie d’un nom de village, peut être un vin originaire de ce lieu à 60%, à 40% de l’AOC régionale, et coupé à 10% par du vin blanc vaudois. Selon la législation vaudoise de 2009, seuls les mots «Grand Cru» attestent que le vin est issu à 90% du village (et non pas obligatoirement d’une sélection parcellaire, donc d’un cru, a fortiori grand!) mentionné sur l’étiquette , tandis que Dézaley et Calamin sont 100% originaires de ces deux terroirs, les plus prestigieux de Lavaux, sans droit de coupage. Coup sur coup, deux Féchy génériques l’ont emporté (en 2015, un «Filet d’or», de la maison Bolle & Cie), alors que ce village a, ce printemps, communiqué sur ses sélections parcellaires, qui impliquent de figurer en grand cru.
Une fois de plus, toute la délicate architecture des AOC vaudoises, qui culmine avec les très confidentiels 1ers Grands Crus (dont on ne connaît, pour le millésime en cours, ni le nombre, ni la quantité, sachant que cette désignation peut être remise en cause chaque année!), est illustrée par cette joute.
Et Pierre Keller, le président de l’Office des vins vaudois, comme il l’avait fait pour un précédent vainqueur de Féchy, pourra affirmer que «les meilleurs vins vaudois ne sont pas chers». A preuve, le lauréat des Lauriers de Platine de cette année, qui s’était aussi classé 3ème du Mondial du Chasselas (92 points sur 100) à Aigle en juin, vaut 7,50 francs la bouteille de 7 décilitres (autre spécialité vaudoise…), à bouchon liège ou à vis. Vraiment pas cher donné pour du platine!
Version augmentée de l’article paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo du 30 novembre 2016.
Category: Le Chasselas aujourd'hui