<\/a>Photo: Changins<\/p><\/div>\n
Accroupie dans un champ, Pascale Deneulin prend la pause avec un naturel d\u00e9routant. \u00abJe commence \u00e0 avoir l\u2019habitude\u00bb, s\u2019amuse-t-elle en haussant les \u00e9paules rapidement. Depuis sa qualification pour la finale internationale de Ma th\u00e8se en 180 secondes, la professeure en analyse sensorielle de la Haute \u00c9cole de viticulture et d\u2019\u0153nologie de Changins et doctorante \u00e0 l\u2019Uni de Lausanne (UNIL) a pass\u00e9 sous les flashes de plusieurs photographes. \u00c0 Lausanne jeudi, elle y repr\u00e9sentera la Suisse, son pays d\u2019adoption. \nDans la r\u00e9gion de Grenoble, ses parents sont sans doute tr\u00e8s fiers. Ils sont surtout bluff\u00e9s par la transformation de la cadette de la fratrie de cinq enfants. Timide au point de lever le doigt quand, petite, elle voulait prendre la parole \u00e0 la table familiale, Pascale Deneulin s\u2019exprime d\u00e9sormais devant des affluences pouvant atteindre 1000 spectateurs. Ce fut le cas en Australie il y a deux ans, o\u00f9 elle a parl\u00e9 de la min\u00e9ralit\u00e9 des vins, son sujet de pr\u00e9dilection, et en anglais, une langue qu\u2019elle ne ma\u00eetrise pas compl\u00e8tement. Cette semaine, l\u2019audience risque d\u2019\u00eatre encore plus grande, puisque la finale sera retransmise en direct sur Facebook. \u00abPour diminuer le stress, je passe beaucoup de temps \u00e0 la pr\u00e9paration\u00bb, note la scientifique. Perfectionniste, elle a choisi minutieusement chacun des 450 mots qu\u2019elle utilisera en trois minutes pour d\u00e9finir la min\u00e9ralit\u00e9 des vins. \nPour assumer son perfectionnisme, Pascale Deneulin a une arme: c\u2019est une bosseuse. La trentenaire a r\u00e9ussi \u00e0 faire deux enfants pendant qu\u2019elle a travaill\u00e9 sur sa th\u00e8se commenc\u00e9e il y a cinq ans. \u00abJe ne fais jamais rien \u00e0 moiti\u00e9 car je prends les choses toujours tr\u00e8s \u00e0 c\u0153ur. Cette mani\u00e8re d\u2019\u00eatre me prend \u00e9norm\u00e9ment d\u2019\u00e9nergie. \u00c7a tourne tout le temps dans ma t\u00eate.\u00bb \nSon secret pour ne pas perdre pied: l\u2019\u00e9quitation, qui traduit ses valeurs terriennes. Elle s\u2019\u00e9vade souvent en montant Etna, sa jument. Une fois en selle, elle oublie tout. \u00abL\u2019\u00e9quitation a une part importante dans ma vie depuis l\u2019\u00e2ge de 11 ans, souligne l\u2019enseignante. Cette pratique m\u2019a aid\u00e9e \u00e0 surpasser ma timidit\u00e9. Elle m\u2019a aid\u00e9e \u00e0 m\u2019affirmer.\u00bb Avec l\u2019animal, elle exp\u00e9rimente les possibilit\u00e9s qu\u2019offre la passion. Pour l\u2019assouvir, l\u2019enfant qu\u2019elle \u00e9tait avait trouv\u00e9 le moyen de monter gratuitement en faisant de petits travaux dans une \u00e9curie. \nAujourd\u2019hui, la passion est rest\u00e9e un moteur. \u00abSans elle, je suis incapable de travailler.\u00bb Et le monde viticole lui a offert un formidable terreau pour nourrir ce moteur. Elle est tomb\u00e9e dedans par un heureux hasard. Ayant grandi dans une famille qui aime bien manger, Pascale Deneulin choisit d\u2019aller \u00e9tudier l\u2019agroalimentaire dans une \u00e9cole d\u2019ing\u00e9nieurs \u00e0 Rennes. L\u2019exp\u00e9rience la laisse toutefois sur sa faim. \u00abLe monde de la superindustrialisation ne me plaisait pas. Dans ce secteur, le rapport au produit se perd. Dans des usines qui produisent des fromages, on ne voit pas une goutte de lait.\u00bb<\/p>\n
Les statistiques la m\u00e8nent au vin \n<\/b>Ce cursus ne lui sera pas vain. Une illumination se produit pendant les cours de statistiques. Son professeur prend toujours des exemples tir\u00e9s du vin et lui ouvre les portes d\u2019un domaine dans lequel elle plongera pour ne jamais en ressortir. Il lui fait reconna\u00eetre l\u2019Interprofession des vins du Val de Loire, o\u00f9 elle fera un stage de master. Pendant ces quelques mois, elle participe au d\u00e9veloppement d\u2019une m\u00e9thode innovante pour collecter des donn\u00e9es de d\u00e9gustation. Une mani\u00e8re de pratiquer devenue populaire chez les professionnels de l\u2019analyse sensorielle. \nLa jeune femme acquiert alors des comp\u00e9tences qui lui ouvrent des portes dans le monde du vin. \u00abCe milieu a \u00e9t\u00e9 un retour au terroir apr\u00e8s avoir touch\u00e9 \u00e0 l\u2019agroalimentaire, explique Pascale Deneulin. Il a l\u2019avantage d\u2019\u00eatre riche de personnes passionn\u00e9es par leur m\u00e9tier. Aujourd\u2019hui, j\u2019aurais du mal \u00e0 m\u2019emballer pour un autre produit.\u00bb \nAvec le temps, elle n\u2019oublie jamais ce que la viticulture lui a apport\u00e9. La trentenaire semble m\u00eame en mission pour donner en retour ce qu\u2019elle a re\u00e7u. En arrivant \u00e0 Changins en 2008, elle se fait une place et devient en quelques ann\u00e9es une experte reconnue dans sa sp\u00e9cialit\u00e9 qu\u2019est l\u2019analyse sensorielle. Elle est ainsi r\u00e9guli\u00e8rement cit\u00e9e dans la presse. \u00ab\u00c0 chaque fois qu\u2019on peut parler de Changins et du travail qui est fait pour la viticulture suisse, je suis heureuse\u00bb, nous disait-elle apr\u00e8s sa victoire \u00e0 la finale suisse de Ma th\u00e8se en 180 secondes. \n\u00c0 la HES de Nyon, Pascale Deneulin m\u00e8ne de front ses travaux de recherche et l\u2019enseignement. Elle donne notamment des cours de statistique, dans lesquels elle illustre toujours son propos par des exemples issus du vin en guise de clin d\u2019\u0153il \u00e0 son professeur de Rennes. Elle encadre aussi les \u00e9tudiants dans leurs travaux de bachelor. \u00abCes contacts me sont chers, m\u00eame si l\u2019enseignement peut me para\u00eetre parfois routinier.\u00bb \nAvec le chapitre li\u00e9 au concours Ma th\u00e8se en 180 secondes qui s\u2019appr\u00eate \u00e0 se fermer, Pascale Deneulin n\u2019a-t-elle pas peur de retrouver une existence trop normale? Pas vraiment. Il lui reste encore toute la partie de r\u00e9daction de sa th\u00e8se sur la min\u00e9ralit\u00e9 du vin. Elle a aussi quelques objectifs \u00e0 r\u00e9aliser. \u00abJ\u2019aimerais effectuer un projet aupr\u00e8s d\u2019une population d\u2019alcooliques afin d\u2019avoir une r\u00e9elle utilit\u00e9 pour la cit\u00e9, d\u00e9voile-t-elle. Savoir si l\u2019\u00e9veil \u00e0 la d\u00e9gustation du vin pourrait avoir des effets mod\u00e9rateurs sur la consommation de cette population et sur la pr\u00e9vention de l\u2019alcoolisme chez les jeunes.\u00bb<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
Pascale Deneulin, professeure en analyse sensorielle de Changins, participe \u00e0 la finale de Ma Th\u00e8se en 180 secondes.<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":4654,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"ngg_post_thumbnail":0},"categories":[23],"tags":[45,853,359,361],"yoast_head":"\n
L\u2019experte qui a d\u00e9fini la min\u00e9ralit\u00e9 du Chasselas<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n