{"id":1944,"date":"2016-11-14T06:57:26","date_gmt":"2016-11-14T05:57:26","guid":{"rendered":"http:\/\/www.mondialduchasselas.com\/?p=1944"},"modified":"2016-11-14T06:57:26","modified_gmt":"2016-11-14T05:57:26","slug":"chasselas-perlan-fendant-vive-le-retour-en-grace-du-petit-blanc","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.mondialduchasselas.com\/chasselas-perlan-fendant-vive-le-retour-en-grace-du-petit-blanc\/","title":{"rendered":"Chasselas, perlan, fendant\u2026 Vive le retour en gr\u00e2ce du petit blanc!"},"content":{"rendered":"
\u00abDeux de perlan, s\u2019il vous pla\u00eet!\u00bb A l\u2019heure de l\u2019ap\u00e9ro, cette petite phrase retentira peut-\u00eatre bient\u00f4t dans les bistrots du bout du lac. L\u2019appellation d\u2019origine contr\u00f4l\u00e9e perlan fait en effet son retour sur les \u00e9tiquette des bouteilles de chasselas genevois. Apr\u00e8s des ann\u00e9es de disgr\u00e2ce. \u00c0 l\u2019origine de ce come-back: le vigneron Daniel Brenner, de Saconnex-d\u2019Arve, qui avait envie de remettre en valeur ce nom \u00absympathique, facile \u00e0 dire et qui communique bien.\u00bb L\u2019allusion au caract\u00e8re l\u00e9g\u00e8rement carbonique de ce blanc est \u00e9l\u00e9gante. Mais le mot tra\u00eene, malgr\u00e9 lui, une lourde r\u00e9putation.\u00a0 \u00abDans les ann\u00e9es septante et quatre-vingts, les mo\u00fbts \u00e9taient tr\u00e8s acides et ce vin \u00e9tait \u00e9norm\u00e8ment chaptalis\u00e9, pr\u00e9cise Nicolas Bloch, coll\u00e8gue de Daniel Brenner. D\u2019o\u00f9 son surnom de lave-vitres\u00bb. Peu rapicolant, il faut l\u2019admettre. \u00abLe nom perlan \u00e9tait surtout utilis\u00e9 par la coop\u00e9rative Vin-Union Gen\u00e8ve, se souvient Claude D\u00e9baillet, \u0153nologue cantonal de 1963 \u00e0 1999. Elle encavait alors 80% du vin genevois et la qualit\u00e9 du pressurage n\u2019\u00e9tait pas optimale. Ce perlan, souvent vendu en litre, n\u2019avait pas tr\u00e8s bonne r\u00e9putation.\u00bb Mais tout cela, c\u2019\u00e9tait avant. Avant l\u2019introduction de l\u2019AOC Gen\u00e8ve et des rendements maximum \u00e0 l\u2019hectare. Le nom a disparu \u00e0 la fin des ann\u00e9es nonante, avec la faillite de Vin-Union et le redressement qualitatif des vins genevois.<\/p>\n
Redorer le raisin<\/strong> Un blanc en disgr\u00e2ce<\/strong> Article de Marjorie Born paru le 10 novembre 2016 dans Terre et Nature<\/p>\n
\nGrand d\u00e9fenseur du chasselas, le sommelier de l\u2019Auberge de l\u2019Onde \u00e0 Rivaz (VD), J\u00e9r\u00f4me Ak\u00e9 B\u00e9da doute d\u2019un v\u00e9ritable retour de l\u2019appellation perlan. \u00abJe pense que les meilleures vignerons ne mettront pas ce nom sur leur \u00e9tiquette, \u00e0 moins qu\u2019une grosse et co\u00fbteuse campagne de publicit\u00e9 ne soit lanc\u00e9e pour remplacer le terme chasselas \u00e0 Gen\u00e8ve.\u00bb Car si les Valaisans se distinguent en appelant leur chasselas \u00abfendant\u00bb, c\u2019est \u00e0 l\u2019aune de l\u2019histoire (voir ci-contre). Sur Vaud, il fut un temps o\u00f9 l\u2019on parlait de dorin, mais aujourd\u2019hui, ce sont les noms de villages qui se sont impos\u00e9s sur les \u00e9tiquettes. En effet, le chasselas a la particularit\u00e9 de r\u00e9v\u00e9ler la min\u00e9ralit\u00e9 du sol avec beaucoup de subtilit\u00e9. Ses crus se r\u00e9v\u00e8lent tour \u00e0 tour fruit\u00e9s, bouquet\u00e9s, l\u00e9gers ou cors\u00e9s. \u00abPourquoi lui ressusciter des sobriquets d\u2019antan alors que le monde entier le red\u00e9couvre sous le nom de chasselas\u00bb, s\u2019interroge J\u00e9r\u00f4me Ak\u00e9 B\u00e9da, auteur du livre Les 99 chasselas \u00e0 boire avant de mourir. Je suis un afficionado des chasselas de terroir. C\u2019est dans cette voie qu\u2019il faut communiquer.\u00bb<\/p>\n
\nCar le petit blanc vaudois revient de loin. Au tournant du si\u00e8cle, il a pris un sacr\u00e9 coup de s\u00e9cateur. Assorti d\u2019une r\u00e9putation de vin de soif, d\u2019ap\u00e9ritif, voire de pillier de bar, il perd rapidement du terrain au profit notamment des vins rouges, r\u00e9put\u00e9s bons pour le c\u0153ur et les art\u00e8res. Le chasselas, \u00e7a a eu pay\u00e9. \u00c7a ne payait plus! Les ventes s\u2019effondrent et les vignerons romands r\u00e9alisent qu\u2019ils doivent diversifier leur offre pour esp\u00e9rer contrer le march\u00e9 \u00e9tranger. L\u2019affaire devient nationale. Entre 2003 et 2011, la Conf\u00e9d\u00e9ration subventionne la reconversion du vignoble helv\u00e9tique pour acc\u00e9l\u00e9rer le remplacement de 500 \u00e0 1000 hectares de chasselas et de m\u00fcller-thurgau par des c\u00e9pages r\u00e9pondant mieux \u00e0 la demande du march\u00e9. Entre 1995 et 2015, la surface de chasselas a diminu\u00e9 de 30% sur le sol helv\u00e9tique, au profit de c\u00e9pages rouges ou de sp\u00e9cialit\u00e9s. Depuis quelques ann\u00e9es toutefois, la disgr\u00e2ce a pris fin. \u00abS\u2019il s\u2019en arrache encore, c\u2019est par choix. Pas parce qu\u2019il ne se vend pas bien, rel\u00e8ve Fr\u00e9d\u00e9ric Borloz, syndic d\u2019Aigle (VD), d\u00e9put\u00e9 lib\u00e9ral-radical et pr\u00e9sident du Comit\u00e9 de l\u2019Association pour la promotion du chasselas. Malgr\u00e9 les encouragements \u00e0 l\u2019arrachage, Vaud et Neuch\u00e2tel y sont rest\u00e9s fid\u00e8les. Gen\u00e8ve y revient. C\u2019est en Valais qu\u2019il a c\u00e9d\u00e9 le plus de terrain. Les vignerons valaisans ont peut-\u00eatre eu tendance \u00e0 percevoir le fendant comme un vin de grande production. Mais, d\u00e9sormais, il est de plus en plus trait\u00e9 comme une sp\u00e9cialit\u00e9.\u00bb
\nDe vin d\u2019ap\u00e9ritif, le chasselas s\u2019est fait une place dans la gastronomie, aux c\u00f4t\u00e9s du plat principal. La typicit\u00e9 de ses terroirs s\u2019est raffermie. On lui reconna\u00eet m\u00eame des qualit\u00e9s, apr\u00e8s dix ou quinze ans en cave. Les initiatives de promotion comme le Concours mondial du chasselas et la f\u00eate qui l\u2019entoure, lanc\u00e9s \u00e0 Aigle d\u00e8s 2010, renforcent sa popularit\u00e9. Les publications de J\u00e9r\u00f4me Ak\u00e9 B\u00e9da et de la journaliste al\u00e9manique Chandra Kurt, De F\u00e9chy au D\u00e9zaley, ou du r\u00e9alisateur Florian Burion avec son film Chasselas Forever, ont redor\u00e9 le blason du petit blanc qui s\u2019invite m\u00eame sur les tables parisiennes. De quoi redevenir proph\u00e8te en son pays.<\/p>\n